Capsule 4 : Angoisse au Super U

Ismaël
18h et quelques à ma montre, nous suivons un nouvel objectif : faire les courses pour les intellos. Le soir est tombé, nous avançons dans une ruelle sombre où règne un silence glacial. À nouveau, nous sommes entourés de maisons en ruines. La moisissure étend son territoire sur tout ce qu'elle trouve comme support. La Nature reprend ses droits. Nous voyons, dans la pénombre, un tramway abandonné rempli de détritus jetés là, en vrac.

Voltaire _ On dirait ma chambre avant !

Valérian _ Il y avait la même odeur ?

Yumi _ Ils ont une étrange vision du tri sélectif. Allons-y, ne nous arrêtons pas !

Ismaël
Nous arrivons face au magasin. Des carcasses de voiture démantibulées et des barbelés forment l'enceinte du lieu. Au-dessus de toute cette ferraille rouillée, des têtes de chiens morts plantées sur des piques.

Valérian _ C'était pas Super U à la base ?

Voltaire _ Eh ben, regarde !

Ismaël
Nous observons l'enseigne de l'ancien supermarché perchée à quelques mètres du sol. Elle avait été vandalisée et le U avait été transformé en un D sanguinolent.

Voltaire _ C’est pour quoi ce "D" à votre avis ?

Yumi _ J'imagine que ça signifie "Dorian"

Valérian _ C'est dégueu ces têtes de chiens. Ce Dorian a de drôles de goût en matière de décoration.

Ismaël
Un bruit confus détourne notre attention : à l'entrée du super U, nous apercevons un groupe d'une vingtaine de personnes poussant des caddies débordant de nourriture.

Yumi _ Planquons-nous, on va essayer de passer après eux.

Ismaël
Sentant au fond de nos entrailles le danger poindre, nous nous faufilons subrepticement derrière l'étrange procession de charriots à roulettes remplis de victuailles. A quelques mètres de l'entrée, le pied de Voltaire cogne dans une boîte de conserve, générant un tintamarre épouvantable. Nous nous arrêtons, le souffle coupé, en espérant ne pas avoir été repérés.

Yumi (chuchotant) _ Voltaire, merde, fais un peu gaffe !

Voltaire _ Désolé...

Valérian _ Taisez-vous, ils ne nous ont sans doute pas entendus.

Ismaël
Avec d’infinies précautions, nous entrons enfin à l'intérieur du magasin. Devant nous, dans le hall, se dresse un immonde et gigantesque gribouillage enfantin représentant une tête de cochon malade en train de prendre feu.

Voltaire _ Qu'est-ce que c'est que cette horreur ? Ce poster-là, je ne le mettrais jamais dans ma chambre.

Yumi _ Voltaire, arrête avec ta chambre, tu n'as plus de chambre !

Valérian _ Ça doit être un culte local, genre l’Église du cochon grillé.

Yumi _ CONCENTREZ VOUS ZEUBI ! Séparons-nous en deux groupes histoire d'explorer plus rapidement le magasin.

Voltaire _ Ah bah moi, je veux aller avec mon petit Vava

Valérian _ Pff... Bon bah je vais rester avec lui sinon il va se perdre...

Yumi _*arrache la feuille en deux* Je vous donne la moitié de la liste. NE LA PERDEZ PAS ! N'est-ce pas Voltaire ? Ismaël et moi, on va chercher les conserves et, vous deux, vous vous occupez des pâtes.

Ismaël
L'enseigne au grand U a perdu sa splendeur d'antan, l'espace est désormais lugubre et oppressant. Le lieu s'apparente à un sarcophage de béton. Le froid règne en maître, les rayons sont vides, l'impression d'enfermement nous pétrifie. Ma cheffe et moi laissons nos deux autres compagnons. Nous arrivons alors à notre premier rayon pour pouvoir rechercher les produits de notre liste...

Yumi _ C'est quoi toutes ces cendres ?

Ismaël _ Je crois que, pour se réchauffer, ces fous ont brûlé ce qu'il y avait de moins précieux à leurs yeux.

Yumi _ C'est-à-dire ?

Ismaël _ à ton avis ? Des romans, de la poésie, tout ce qui se lit quoi... Bon allons au rayon suivant !


Valérian
De notre côté, nous nous avancions vers le rayon des pâtes quand soudain Voltaire eût la merveilleuse idée de faire un détour (sur un ton ironique)

Voltaire _ ( en chuchotant ) Eh ! Il y a encore des bonbons tu penses ?!

Valérian _ Euh, qu'est-ce que c'est des bonbons ? Non il faut qu'on aille chercher les pâtes !

Voltaire _ ALLEZ STEUPLAIT !!!! Genre les bonbons c'est comme un plaisir infini. Par exemple, les fraises tagadas ça a une odeur qui te réchauffe le cœur et son goût de fraise d'été ensoleillé et sa texture de nuage avec une fine couche de sucre rougeâtre

Valérian _ Mmm...

Voltaire _ Tu vas pouvoir manger ta première tête brûlée, une petite boule de sucre avec un cœur tellement ac(sh)ide et s(ch)ucré et s(ch)é delis(ch)ieux ( bruit de déglutition ).

Valérian _ Finalement, on n'est pas pressés, nous avons un peu de temps devant nous , fais donc moi voir tes fameuses "têtes brûlées".

Valérian
Je suis donc Voltaire pour aller dans ce rayon magique et magnifique selon ses dires. Quand soudain ce dernier voit l'enseigne 'Sucreries' sur un des rayons.

Voltaire _ BONBONS !!!!!!!!!!!!!!!!

Valérian
D'un coup , ce boulet se met à courir.

Voltaire _ BONBOOOOOONS !!!!!!!!!!!!!!!!

Valérian _ VOLTAIRE !!! FAIS GAFFE !!!!

Voltaire _ QWé?! (bruit de chute )

Valérian
C'est alors que Voltaire trébuche sur un cadavre, ce dernier était enfoui sous d'innombrables emballages blanc et rouge. A côté de lui est accroché une note indiquant : "Voilà ce qui est arrivé à celui qui a mangé le dernier Kinder Bueno".

Voltaire _ Mais WESH, il a mangé tous les Kinders Bueno !

Valérian _ Regarde cette horreur: il a un poignard planté dans le crâne !

Voltaire _ Ouais, mais il a quand même mangé le dernier kinder.

Valérian _ Qu'est-ce que c'est ça ?

Voltaire _ Ah mon pauvre, c'est la chose la plus délicieuse au monde.

Valérian _ Encore supérieure à tes têtes brûlées ?

Voltaire _ Laaaaargement. Bon, t'auras ptete pas de kinder mais t'auras une tête brûlée ! J'en ai trouvé une par terre ! Tiens pour toi, goûte ce fabuleux mets.

Valérian * en avalant le bonbon* _ Waaaaaa (sh)a pique, c'est trop bon !!!!! Il m'en faut plus , t'es sûr qu'il a tout mangé !!!???

Voltaire _ Eeuuh.......ça va ? j’aurais ptete pas dû lui donner ...

Valérian * serrant Voltaire dans ses bras * _ Euh...mer(sh)ie c'est beaucoup trop bon !!! Viens on va en chercher tous les bonbons du monde , je veux vivre pour ça , c'est fini le pain, JE VEUX DES BONBONS !!!!!!!!!

Voltaire _ Attends, je croyais pas que j'allais te dire ça un jour dans ma vie, mais tu fais trop de bruit ! Je crois que j'ai entendu des bruits de pas.

Valérian _ Ché vrai ?

Voltaire _ Allons retrouver les autres.



Ismaël
Avec Yumi, nous approchons un rayon où figure une multitude de dessins menaçants interdisant de toucher aux bouteilles d'alcool.

Yumi _ Oula, il y a beaucoup de panneaux ici. A mon avis, Dorian ne veut absolument pas qu'on y aille...

Ismaël _ Le rayon conserve est au bout de ce couloir, passons notre chemin !

Yumi _ Je suis du même avis. C'est la seule solution... Bref, allons-y.

(bruits de pas)

Ismaël _ Ah tiens, une bouteille d'eau, en plus elle est remplie, je meurs de soif, j'ai l'impression que ça fait des années que j'ai pas bu ! (*Ismaël boit la bouteille*)

Yumi _ Lâche ça, tu ne sais pas ce que cette bouteille contient, ce serait vraiment idiot de la boire sans réfléchir... Même les animaux sont plus méfiants que toi.

Ismaël _ Laisse moi, je bois ce que je veux, je suis un intellectuel je suis maître de mon destin.

Yumi _ Et si c'était de la javel ? (bruit étrange) Attends, t'as pas entendu quelque chose là ?

Ismaël _ Qu'il en soit ainsi, je mourrais en ayant comblé un besoin digne de l'être humain, continuons !

Yumi _Si tu te retrouves au sol je te laisse hein ! Sois attentif ! On est peut-être en danger !

Ismaël _ On s'en fout des pas ! On n'a pas terminé de causer, de toute façon c'est sûrement le grand débile avec le petit gamin. Sache, Yumi, que sans ma personne, nos histoires ne pourront jamais être relatées au grand public.

Yumi _ Ok... T'es bourré. Eh merde... Bref! Maintenant tu me suis, tu fermes ta bouche, et on va au rayon des conserves, nous avons déjà perdu assez de temps.

Ismaël _ Vous, les meufs, vous êtes là à faire les belles et les je-sais-tout, comme cette meuf Eve, elle m' a snobé pourtant je suis le garçon parfait. Si elle veut pas de moi, c'est à cause de votre présence, vous m'êtes toxiques surtout les filles comme toi.*gloups

Yumi _ *elle soupire puis détourne le regard vers les boîtes de conserve* Ah bah, regarde là-bas, ivrogne, des conserves ! (Ismaël fait "gloups") Va vomir ailleurs, genre je ne sais pas moi, juste derrière le rayon ? En attendant, je vais chercher ce dont on a besoin. (elle se dirige vers le rayon afin de prendre les conserves indiquées dans la liste.)

*Ismaël allongé se met à vomir à plusieurs reprises *

Ismaël
Les bruits des pas deviennent de plus en plus proche de nous, l’angoisse ! Mon dos heurte celui d’un inconnu.

Ismaël
_ Aaaahhhh !! Ah, c’est vous, vous m'avez pas manqué ! (sa voix est redevenue normale)

Voltaire _ C’est vous qui faites tout ce boucan ?

Yumi _ Écoute bien, Voltaire, on entend encore les pas alors qu’on est tous les quatre.

Ismaël
Tout à coup, les sons se font plus proches. Une multitude d'enfants et d'adolescents chétifs et vêtus de haillons nous encercle et essaie de nous saisir.

Voltaire _ Des zombies !

Yumi _ Non, je crois que ce sont juste des gamins affamés.

(les enfants les attrapent : à signifier au son : cris d'enfants, cris des personnages qui protestent, un sbire pourrait dire "Mettez les dans la chambre froide !" bruit de porte de la chambre froide qui claque)

Ismaël _ Nous entendons derrière la porte de la chambre froide des voix qui ne nous signalent rien de bon.

David _ Sa grande puissance est arrivée , à genoux bande de larbins,votre maître est là !!

Dorian _ J’ai pas le temps de m’occuper de ces gars, combien sont-ils ?

Esclave lambda _ Ils sont 4, votre splendeur, et il y a une fille.

Dorian _ Une fille ? David pourquoi tu m’l'as cachée ?

David (effrayé) _ Un simple oubli, votre cruauté !

Dorian _ C'est pas normal ça, fais la sortir d'là , j'vais m'occuper d'elle à ma façon

Daphné _ Tu comptes quand même pas me trahir mon lapinou ? Pas encore...

Dorian _ Bah si ! Tu vas faire quoi, laideron ?

David _ Et alors on fait quoi de ces morveux qui ont trahi la règle d'or monsieur? Ils ont touché à l'alcool, ils ne doivent pas rester impunis, maître.

Dorian _ On n'a qu'à les donner à bouffer à nos dragons !

Daphné _ OUIIIIIIIII !!!!!! Super idée mon chat , tu es brillant !

David _ Sans vouloir vous contredire, votre grandeur, nous n'en avons pas... parce qu'en fait, les Dragons n'existent pas...

Dorian _ Alors bourrez-les de dynamite et faites-les exploser en mille morceaux !

Daphné _ Oh oui ! De la dynamite ! Un feu d'artifice de chair humaine !

David _ Je crains que nous soyons à court de dynamite depuis quelques années votre immensité.

Dorian _ Bah qu'on les asperge d'alcool pour les faire brûler, et je veux que la fille soit aux premières loges pour les voir griller !

Daphné _ J'adore cette idée et l'autre, David là, ne peut pas refuser !

David _ Effectivement nous avons de quoi les faire cramer, j'organise le spectacle dans 10min il sera prêt !

Ismaël _ Bon, les amis, cette fois, je pense que c'est la fin de notre aventure.

Voltaire _ C'est terrible de finir comme ça, moi qui adore les barbecues...